C'est un roman très riche et passionnant à lire que propose Jacqueline Kelly en 2013, sous le titre original américain " The Evolution of Calpurnia Tate ". Édité en France la même année par l'Ecole des loisirs sous le titre " Calpurnia ", le roman nous entraine dans le Texas du 19e siècle, celui des petits propriétaires de plantations de coton et des petites bourgades du sud dans lesquelles les Noirs sont encore des citoyens de seconde zone, la fin de l'esclavage n'étant pas très ancienne alors. Comme souvent, le titre original du texte apporte des précisions par rapport à sa version française. Le terme " évolution", s'il désigne la transformation au fil de plusieurs mois de la jeune héroïne Calpurnia, donne un indice au lecteur sur la préoccupation principale de la jeune fille qui découvre les travaux de Darwin sur l'évolution des espèces. Le titre américain joue donc double jeu.
En cette année 1899, Calpurnia Virginia Tate a onze ans et est la seule fille d'une fratrie de 8 enfants. Sa destinée prévoit qu'elle apprenne à broder et cuisiner correctement, le ménage et autres corvées
moins nobles étant réservées aux employées noires qu'elle ne manquera pas d'avoir lorsque sa mère aura arrangé le meilleur des mariages pour sa fille unique. Or, Calpurnia ne voit pas les choses du même œil. Passionnée de botanique, de zoologie et d'entomologie, elle passe des heures passionnées dans la nature autour de la maison. A la grande surprise du reste de la famille, elle fait la conquête d'un grand-père bourru qui n'apparaît qu’aux repas communs et s'enferme des heures dans son bureau-bibliothèque ou son laboratoire. Avec lui, elle découvre une nouvelle plante et recevra les félicitations de l'Académie des sciences. A la veille du nouveau siècle, Calpurnia prend conscience de la condition des Noirs, des femmes et des filles dont le destin ne prévoit pas qu'ils dérogent à l'ordre établi. La science et les progrès technologiques ( le grand-père est fasciné par la première automobile qui arrive dans la petite ville) semblent une porte vers la liberté et la connaissance. Calpurnia scandalise la bibliothécaire locale lorsqu'elle lui demande l'ouvrage de Charles Darwin sur l'évolution des espèces, livre qui a fait grand bruit et dont son grand-père lui a confié l'importance. Au centre de la toile familiale, Calpurnia impose à sa mère de la regarder autrement et d'accepter qu'elle ait un autre destin que le sien. Elle tisse avec ses frères des relations quasi d'égal à égal et apporte à son grand-père, qui désespérait de ses petits-fils, la preuve que les filles peuvent aussi avoir une activité intellectuelle et s'émanciper par la connaissance et l'étude. Calpurnia, c'est décidé, sera un grand savant. Et elle a raison lorsqu'elle dit à propos des ses amies d'école : " Je n’avais jamais pensé que mon avenir serait le même que le leur (p. 273)" . Comme un encouragement à l'acceptation de sa différence, Calpurnia découvre la neige au matin du premier janvier 1900, signe immaculé d'un nouveau départ. Son grand-père a joué, ce qui est fréquent dans le roman jeunesse, son rôle de passeur. A elle de défendre la science et la connaissance, et de prouver que la tête des filles est aussi bien faite que celle des garçons au début d'un siècle où de grandes scientifiques accompliront leur œuvre personnelle.
Calpurnia, Jacqueline Kelly, l'Ecole des loisirs, 2013
Image Wikimedias commons
Calpurnia, Jacqueline Kelly, l'Ecole des loisirs, 2013
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