C'est en 2010 qu'Anne Vantal signe aux éditions Actes sud junior un long roman de 310 pages sur le thème de la justice et du système judiciaire français actuel. Véritable leçon de doit pénal, ce texte intitulé "Peine maximale" déroule un procès d'assises où comparaissent Kolia et sa sœur Léna, accusés lui de tentative de vol et d'enlèvement de mineur de moins de quinze ans, elle de complicité. Depuis l'abandon de leur père et la défection de leur mère très malade, les deux adolescents, se sont occupés de leur jeune sœur Anna, en sont les parents substitutifs avec toutes les difficultés que cela peut induire. Plus que le sort de la jeunesse devant le système judiciaire, plus que les difficultés de ces deux orphelins de fait et la délinquance possible liée à la situation peu ordinaire qui leur est faite par des parents absents, c'est l'affaire judiciaire elle-même et le déroulement du procès qui expliquent l'intérêt du texte. Le jeune lecteur apprend tout d'un procès aux assises : les différentes étapes, la qualité des protagonistes, leur rôle dans le procès, leur état d'esprit ou leur tactique professionnelle. Cette description presque clinique de ce type de procès, rappel des faits reprochés et des accusations, tirage au sort des 9 jurés parmi 40 personnes, suite des journées de l'audience des différents protagonistes jusqu'au verdict final, tout "enseigne" au lecteur les spécificités d'un procès d’assises, et présente le système judiciaire avec ses fragilités. Une plaidoirie dépend de l'humeur ou de la fatigue d'un avocat, de l'image professionnelle que veut donner ou sauvegarder un procureur ou un président de cour, et surtout du niveau de bouleversement de la vie des jurés sortis, pour une parenthèse, de leur vie quotidienne. Émotions fortes et responsabilités nouvelles exacerbent les préjugés et les craintes des différents jurés. Le texte rédigé à la troisième personne montre les divers points de vue, ce qui crée une véritable dynamique dans ce récit qui suit à la minute près tout le procès. Soucieuse de crédibilité et de respect de son jeune lectorat puisqu'elle a demandé une relecture à un juriste, l'auteur transmet essentiellement la preuve qu'il est difficile de juger autrui même si le président de la cour sort du procès avec la certitude que " justice a été rendue". Leçon de droit particulièrement agréable à suivre puisqu'elle s'habille des ressorts et de l’habillage de la fiction destinée aux jeunes auxquels on s'adresse comme à un public digne de foi et de confiance.
Peine maximale, Anne Vantal, Actes sud junior, 2010
Source photographique : tribunal de grande instance de Saint-Étienne, Forez info sur Wikimedia commons
Peine maximale, Anne Vantal, Actes sud junior, 2010
Source photographique : tribunal de grande instance de Saint-Étienne, Forez info sur Wikimedia commons
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