Ce blog se propose de parler du roman pour la jeunesse, passé et actuel, qu'il soit destiné aux jeunes lecteurs ou que ces derniers l'aient plébiscité. J'y déposerai mes notes de lecture sur les romans que j'ai lus et sur les ouvrages critiques qui étudient cette partie de la production éditoriale pour la jeunesse. Je ne suis qu'un amateur, mon opinion est donc parfaitement subjective. Étant plutôt positive dans la vie, je ne parlerai que des oeuvres qui m'ont plu, beaucoup intéressée ou dont je pense qu'elles occupent une place à part dans ce vaste corpus dont je ne ferai évidemment pas le tour. Au lieu de garder mes notes sur des cahiers de papier, je les confie à ce blog pour les partager, et pourquoi pas, provoquer des échanges ou discussions sur le roman pour la jeunesse, français et étranger. Enfin, ce blog porte le prénom de trois personnages qui me semblent emblématiques : Rémi, le petit orphelin de Sans Famille d'Hector Malot, né dans les années 1870 et symbole de la quête de l'identité et des origines, mais aussi de l'enfance volontaire ; Aline (et non Alice), héroïne de Colette Vivier dans son roman La maison des petits bonheurs (1939), où le quotidien apparemment banal de la famille et de l'enfance prennent une ampleur héroïque, et que les jeunes connaissent peu aujourd'hui ; enfin, l'incontournable Harry , dont je tais ici le nom puisque ses admirateurs s'en sentent suffisamment proches pour le désigner, comme un ami, par son seul prénom, et qui, non content de s'inscrire dans une certaine tradition britannique, a donné ou redonné la joie de lire à des millions d'adolescents et à leurs parents.
Puissent mes réflexions favoriser chez les jeunes et les moins jeunes l'envie de lire le roman pour la jeunesse.

Sans famille, Hector Malot, 1878

Première de couverture Flammarion 1918 ; source Wikimédia domaine public

samedi 4 décembre 2010

"Récit d'une mort annoncée"

Dans la ligne d'un Robert Cormier et de sa "Guerre des chocolats", Anthony Mc Gowan reprend le thème de la violence scolaire dans son roman paru en 2008 chez Random House à Londres et en 2009 chez Milan, dans la collection Macadam, à Toulouse. Le titre original 'The knife that killed me" insiste plus sur le thème de la violence allant jusqu'au meurtre et sur l'arme du crime, alors que sa traduction française "Récit d'une mort annoncée" donne la forme du récit, long flashback raconté par le narrateur, Paul, lycéen dont on attend la mort violente qu'il annonce lui-même. Ce récit analeptique est entrecoupé de pauses où Paul raconte la bataille rangée entre deux bandes rivales de deux lycées voisins dont les écoliers sont adversaires depuis plusieurs décennies : le père de Paul a lui-même participé à l'une de ces rencontres féroces et exhorte son fils à ne pas l'imiter. Dans un monde scolaire où tous les coups sont permis et où les pacifistes sont méprisés, où les enseignants et les parents sont écartés par une loi du silence absolument respectée, les élèves, filles et garçons, vivent dans une tension permanente, due à la férocité de certains d'entre eux adeptes de la persécution et du sadisme. Paul décrit les actes et les sentiments des différents protagonistes, mais surtout sa lente descente aux enfers provoquée par de mauvais choix et une image de lui-même erronée.La fin du roman, à laquelle on ne s'attend pas, pointe la véritable cruauté, la férocité de la violence et joue sur les différents types de mort, réelle ou figurée. Le texte s'appuie aussi sur deux sortes de héros adolescents, ange ou démon, aux prises avec eux-mêmes et face à face. Le pessimisme est ici de mise dans la peinture d'une jeunesse désenchantée. Vision quasi manichéenne : l'ange a péri, le démon a survécu, le mal règne sans partage. 

Photographie " Ange ou démon" de Mansour de Toth, déposée sur Wikimedia commons

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