Ce blog se propose de parler du roman pour la jeunesse, passé et actuel, qu'il soit destiné aux jeunes lecteurs ou que ces derniers l'aient plébiscité. J'y déposerai mes notes de lecture sur les romans que j'ai lus et sur les ouvrages critiques qui étudient cette partie de la production éditoriale pour la jeunesse. Je ne suis qu'un amateur, mon opinion est donc parfaitement subjective. Étant plutôt positive dans la vie, je ne parlerai que des oeuvres qui m'ont plu, beaucoup intéressée ou dont je pense qu'elles occupent une place à part dans ce vaste corpus dont je ne ferai évidemment pas le tour. Au lieu de garder mes notes sur des cahiers de papier, je les confie à ce blog pour les partager, et pourquoi pas, provoquer des échanges ou discussions sur le roman pour la jeunesse, français et étranger. Enfin, ce blog porte le prénom de trois personnages qui me semblent emblématiques : Rémi, le petit orphelin de Sans Famille d'Hector Malot, né dans les années 1870 et symbole de la quête de l'identité et des origines, mais aussi de l'enfance volontaire ; Aline (et non Alice), héroïne de Colette Vivier dans son roman La maison des petits bonheurs (1939), où le quotidien apparemment banal de la famille et de l'enfance prennent une ampleur héroïque, et que les jeunes connaissent peu aujourd'hui ; enfin, l'incontournable Harry , dont je tais ici le nom puisque ses admirateurs s'en sentent suffisamment proches pour le désigner, comme un ami, par son seul prénom, et qui, non content de s'inscrire dans une certaine tradition britannique, a donné ou redonné la joie de lire à des millions d'adolescents et à leurs parents.
Puissent mes réflexions favoriser chez les jeunes et les moins jeunes l'envie de lire le roman pour la jeunesse.

Sans famille, Hector Malot, 1878

Première de couverture Flammarion 1918 ; source Wikimédia domaine public

samedi 25 novembre 2017

Pollyanna

Wikipédia
Pollyanna est née en 1913 sous la plume de l'Américaine  Eleanor H. Porter et ce n'est qu'en 2016 que les éditions Zethel-Leducs la font découvrir au public français. Pollyanna appartient à la grande famille des orphelins classiques mais elle a un petit quelque chose de plus, un peu suranné, qui a convaincu l'actrice Mary Pickford de tourner son histoire en 1920 et les studios Disney de réaliser leur propre version cinématographique en 1960. Malgré le succès relatif du film, Walt Disney considérait que c'était un des meilleurs scénarii sortis de sa
" fabrique" .

Pollyanna devient complètement orpheline après le décès de son père. Après avoir passé quelques temps avec des dames patronnesses qui l'ont prise en charge, elle est confiée à la sœur de sa mère défunte, tante Polly dont elle porte le prénom. On pourrait voir dans cette parentèle la marâtre  de service de toute bonne histoire d'orphelin, sauf que tante Polly est elle-même malheureuse malgré son argent et que l’héritage de Pollyanna, un optimisme hors norme, va peu à peu lui redonner le sourire. La petite orpheline va conquérir toute la maisonnée de sa tante et les personnes qui gravitent autour.   Son secret ? Le jeu du bonheur. Quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, il y a toujours une raison de se réjouir. Comme son lointain petit frère Harry Potter qui vit dans un placard, Pollyanna est logée au grenier ? Peu importe, la vue de la fenêtre est extraordinaire. Sa tante lui interdit de dîner ? Elle fait d'un bout de pain et d'un verre de lait un véritable festin.

Peu importe de raconter ici toute l'histoire de Pollyanna, il suffit de savoir qu'il est question de liberté, de la notion de famille (la tante de Pollyanna ne peut que l'aimer puisqu 'elles sont du même sang),  de philosophie de la vie, de pauvreté , de richesse et de partage. On pourrait parfois s’agacer de cette obstination à aimer les autres et à toujours être plus que positive. C'est que, outre retrouver  une famille et rétablir un certain équilibre dans sa vie, Pollyanna a décidé de trouver  et de semer le bonheur autour d'elle, hic et nunc, ici et maintenant. Elle déborde de cet enthousiasme incoercible dont ont fait preuve aussi en leurs temps d'autres américaines, Les quatre filles du Docteur March, de Louisa May Alcott, ou la fratrie de Laura Ingalls Wilder dans La petite maison dans la prairie  . Il faut être heureux coûte que coûte. Et il faut faire connaissance avec Pollyanna.

Pollyanna, Eleanor H. Porter, Zethel- Leducs, 2016